"UN VENT DE COLERE" de Claude Dussert, lauréat de l'appel à texte de la Cité de la Musique Marseille - Mars 2025

Le souffle s’enfuit, le souffle me fuit,

Est-ce une partie de mon âme

Qui me dit au-revoir ?

Ou est-ce l’Esprit Saint qui demande à me voir ?

Hier je gambadais/ m’arrêtais/ soupirais

À pleins poumons je respirais.

Je sculptai/ mes cisailles à la main

Essayant d’apprivoiser mon jardin.

Je vivais en harmonie avec la nature.

Mais le vent du nord, lui, s’en moquait bien.

Dans le creux de mon oreille

Avec des mots lourds il me soufflait :

« Je serai le plus fort car je suis le vent du nord

Qui transporte avec lui les vents de Sibérie.

Comme un envahisseur, je surprends et m’installe

J’apporte la froidure sur vos vergers fleuris

Qui  courberont la tête/ j’en ferais du hachis. »

« Je ne crains ni les cols ni les hautes montagnes

Je m’infiltre partout

Je serpente et je gagne

Je souffle et déracine jusqu’aux plus hauts sommets. »

« Je suis le vent d’hiver qu’un printemps prétentieux

Avait cru reléguer jusqu’au plus haut des cieux.

Je suis le vent de glace qui pétrifie les Saints »

« Je viens vous secouer pour qu’enfin vous sortiez

De votre apathie, vous les ventres garnis.

Je serai  l’agaceur de votre léthargie.

Je viendrai vous faire goûter, un peu

Les tourments pernicieux

Que l’Ukraine endure depuis trois ans déjà. »

« Je vous épargnerai pour cette année encor

Les grêles de missiles, les giboulées de drones

Les bombes fratricides  et les gaz hilarants,

Mais !  Restez vigilants… car je peux revenir

Et faire tomber sur vous la colère des tyrans. »