Il se tenait là au milieu
Du champ aride, blanchâtre, rocailleux
Son corps trapu, tourmenté, tortueux
Agitait frénétiquement
Ses fines feuilles d’argent.
Il avait toujours été là
De mémoire de force aïeux.
De son tronc millénaire s’échappait
Une sourde prière qui disait
Je veux mourir, je veux mourir
J’ai vécu trop de temps
Abrité trop de manants
Nourrit trop de gens
De mon huile dorée. Si longtemps
J’ai vu le monde toujours recommençant
Les mêmes erreurs, les mêmes errements
Je suis las, épuisé, déçu, désabusé.
Je veux mourir, c’est mon seul désir.
Mais voilà que le vent
En ces contrées rémanent
Se lève un jour, trois jours, plus longtemps
Son souffle mistralien entraine au loin
La sourde plainte, dans tous les coins
Du village voisin.
Je veux mourir, je veux mourir
Entend-on du clocher pointu
Au lavoir asséché.
De la fontaine moussue
Aux terrasses ensoleillées.
Au neuvième jour, le tronc exhale
Un craquement sinistre.
Les branches suivent, dans le même registre,
Les feuilles argentées s’affolent
Sous l’emprise du dieu Eole.
C’est alors que devant la foule accourue
La terre tremble, l’arbre s’ébranle
D’un coup fatal, se fend en son milieu.
L a chute est lente, létale
Pour un dernier adieu.
Du centre éventré monte vers les nues
Une tremblante flamme, toute argentée.
C’est l’âme enfin secourue,
Par le ciel conviée
Du trop vieil olivier.
BIENTOT FERNANDE EN LIVE QUAND LE VENT NOUS LE PERMETTRA ... A SUIVRE
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