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  • Photo du rédacteurGastine Musique

ET SI HUGO PASSAIT PAR LÀ… ! de Abdellah Lazrak, lauréat du concours PAROLES DE MEDITERRANEE

Dernière mise à jour : 16 nov. 2020

À l’ombre sereine d’un vieux caroubier,

Les misérables de Taza ; Les cordonniers

Ne détestent guère, leurs Thénardiers,

Et endurent la misère patients et quiets !

Camouflés entre deux vielles murailles,

Les cordonniers Tazis au lot dur,

Affrontent un sort terrible qui chamaille,

Avec la ville et la défigure !

Rides au front cachées sous une casquette,

Le dos courbé, les mains épouvantail,

Le plus riche d’entre-eux porte des lunettes

Qui zooment, achetées à la ferraille !

Ils sont vieux et pauvres d’accord,

Mais leur cœur généreux brille,

Comme les douros qui valent de l’or,

Gagnés pour le bonheur de leur famille !

Le long de la journée ils attendent,

L 'arrivée d’une vielle paire de souliers,

Ou d’une désuète paire de chaussures,

Pour toute l’ambiance de leur atelier !

C’est l’occasion comme veut la coutume,

De rejouer l’opérette des sons,

Orchestrés au-dessus de l’enclume,

Par le marteau, les ciseaux ou le pinçon !

Par terre l’embauchoir a l’air fier,

De porter les babouches neuves du Caïd,

Qui ont besoin d’être régulières,

À ses grands pieds à la veille de l’Aïd !

Si un jour Victor passait par là,

Et vu ces cordonniers pitoyables,

Il aurait sûrement fait de Taza,

Le second Paris de ses Misérables !

Fantine serait Aouïcha la chauvine,

Causette ; la Médina au sort préfixe,

Jean Valjean ; Toumzit la colline

Et Javert ; ce Caïd chaussant quarante-six !

Il y aurait rencontré aussi,

D’autres petites Causette à l’âge de fleur,

Figées de peur comme des momies,

Peinent jour et nuit derrière le leurre !

À Taza, cordonniers de main et cœur,

Malgré le manque et ses cicatrices,

Ne mangent à leur faim que de leur sueur,

Et refusent se plaindre ou ne gémissent.

Au visage un sourire de vrai bonheur !








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