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  • Photo du rédacteurGastine Musique

C'ETAIT UNE MAISON ... de Sybille , lauréate du concours "Le Courage d'écrire et de dire"


C’était une maison accueillante, avec un jardin luxuriant aux recoins abrités du soleil du midi par des arbres et des buissons florissants, rafraîchi par un bassin aux nénuphars et poissons rouges .

Chacun y trouvait sa place pour méditer, rêver , composer des poèmes et de la musique, ou simplement être là, en vie . Quand le temps était pluvieux ou nuageux, quand la température baissait alors à l’intérieur crépitait un bon feu de cheminée et la soupe était servie et autour de la grande table en bois massif se retrouvaient les hôtes, heureux presque, enveloppés de cette chaleur que ne peut donner qu’une famille…

Oui , on peut dire que c’était une famille, même si tous ses membres avaient un ADN différent.

Pourtant leur histoire était la même, tragique, désespérée, terrible. Arrivés par la mer sur un bateau gonflable au péril de leur vie, fuyant la guerre, la famine,harassés, meurtris dans leur chair et leur âme,ayant perdu des amis,des enfants, des familiers dans cette Méditerranée si bleue, si belle mais qui était à présent devenue leur tombeau. Arrivés à Marseille ils se sont séparés de leurs frères et sœurs de fortune et au gré des hasards ils se sont retrouvés dans cette maison,chez Farshad,un Iranien, musicien classique professionnel qui maintenant à la retraite jouait de la musique traditionnelle Persane avec ses amis.Ils formaient un groupe qui se produisait dans des endroits atypiques devant un public plutôt intéressé à partager une émotion culturelle et un repas dont chacun apportait un plat à la fin du concert. Cette atmosphère conviviale de partage se ressentait partout dans la maison !!! Toutes les ethnies étaient reliées par la musique et la poésie, les langues différentes n’étaient plus un problème pour communiquer puisque l’harmonie régnait. Les taches domestiques se répartissaient sans heurts et ceux qui trouvaient un travail temporaire à l’extérieur ramenaient leurs gains à la caisse commune et partageaient tout. Les musiques se mêlaient, on entendait les instruments à cordes traditionnels de Syrie, d’Égypte ou de Turquie avec des percussions d’Irak, d’Iran ou de Palestine accompagnant des chants séfarades, kurdes, arabes ou grecs. Chacun était libre de rester ou de partir quand il se sentait prêt à affronter sa nouvelle vie. Parfois des concerts s’improvisaient et tout le voisinage était le bienvenu. La cuisine s’animait alors et chacun préparait la spécialité de son pays et la faisait goûter aux autres. Chacun apportait sa connaissance, son savoir et ce partage rendait plus fort. Mais un jour la police est arrivée, avertie par un quelconque « patriote » un de ceux ou celles pour qui patrie signifie être tous les mêmes, partager les mêmes goûts et les mêmes valeurs, parler la même langue et écouter la même musique, avoir un drapeau accroché à son balcon , un de ceux ou celles pour qui l’enfer c’est « les autres » : les « étrangers » . Des hommes et des femmes qui ne comprennent pas que la patrie c’est l’âme et le cœur des hommes et que l’on est partout « chez nous » quand on porte avec soi sa propre harmonie. Cette harmonie qui, mêlée aux autres, crée la vibration universelle de l’âme…..

La maison s’est tue, Les oiseaux sont partis du jardin, le bassin s’est tari et Farshad est accusé du délit d’avoir abrité des sans papiers, des migrants.

VENEZ ECOUTER SYBILLE EN LIVE LE 14 Mars 2020 à 20H30 à l'auditorium de la Cité de la Musique en ouverture de Paroles de Méditerranée, récital poétique Pour réserver cliquez ici : https://www.helloasso.com/associations/pictur-music/evenements/paroles-de-mediterranee-le-courage-d-ecrire-et-de-dire/widget-vignette"



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