Autre chose que du froid et des parfums de Christine Donze

Lauréate de l'appel à textes poétiques "Seul le Souffle du Vent" - Novembre 2025

Elle a passé du temps, sur la crête là haut, assise contre un cairn.

L’ascension n’avait pas été facile : il s’opposait.

Comme un corps, ferme sans être hostile, comme un ami qui lui aurait offert une résistance, pour qu’elle puise en elle même sans se décourager, qu’elle retrouve une force, une vigueur qu’elle croyait perdue.

Pour qu’elle se sente fière, s’était levé le vent contraire.

Et fière elle l’était maintenant, assise sur la crête là haut, contre un cairn.

Elle le regardait balayer l’adret sec, tournoyer sur l’ubac boisé.

Elle écoutait les chansons qui venaient de tout ce qu’il heurtait, traversait, caressait.

La voix du vent n’existe que par ce qu’il rencontre : les arbres serrés tintent comme l’eau d’une rivière, les rochers grondent quand il les frappe et la prairie siffle lorsqu’il la frôle.

En souriant elle s’imagine, un vent de panique sur la foule apeurée, un vent d’euphorie quand l’avenir s’éclaire et un vent du changement qui peut être, se lèvera si elle reste assez longtemps ici, sur la montagne immense où il mêle ses chansons.

Elle se laisse faire par le geste éolien qui nettoie l’air pour que s’étale la lumière, qui creuse des sillons dans son imaginaire endormi, le réveille, le moissonne.

Elle pense à son amie, qui lui demanda d’écrire sur lui, à sa voix douce, à ses mains petites, au vent de fantaisie, qui toujours, se déplace avec elle.

Et avant de partir, elle adresse un geste un sourire à l’élément invisible, le plus libre de tous, qui ne dit rien, jamais, de son origine, de sa destination, qui s’en va sans un regard en arrière, qui revient quand il veut, avec bien davantage que du froid et des parfums, qui revient avec la musique de tous ses voyages…