"SEUL LE SOUFFLE DU VENT" de Myriam Tihadi, lauréate de l'appel à textes de la Cité de la Musique de Marseille - Mars 2025

Conquistador du monde, arpenteur d'infini,

Dans ce ciel qui gronde, sous son souffle impuni.

Acteur de l'éternité, semeur d'ombre et d'éclat,

Il forge des empires que le temps effacera.

Seul, le souffle du vent s’élève en roi sans trône,

Danseur insouciant, il forme un cyclone

Roule sur les flots, disparaît au firmament

Sculpte un écho trop beau, fragile et frémissant.

Doux voile de printemps, se pose et me caresse

Il danse avec l'azur, enlace mes détresses

Il veille sur les blés, effleure un champ dormant,

Dépose sa clarté, s'endort en murmurant.

Loin dans le Pacifique, un guide qui s’éveille

S’égare dans l'océan, caresse le soleil

Messager des tropiques, il berce les mers,

Et offre aux goélands un ciel sans frontières.

Sculpteur du désert, qu'il fend de son cri amer

Avec sa chaleur d'or, il forge l'univers

Brûlant vagabond aux lèvres de flamme

Souffle les maisons, les forêts qu'il enflamme

Cavalier déchaîné, aux griffes de givre

Bouscule les cyprès, fracasse et enivre

Il fouette les cieux, s’abat sur les hauteurs,

Révèle le ciel bleu, tourmente les labeurs.

Mais qu’il berce ou qu’il frappe, chacun trouve sa voie,

Il guide ou détruit, suivant ses propres lois,

Et qu’ils soient doux ou forts, ces vents ont mille faces,

Voyageurs au souffle d'or, effaçant nos traces