
Le jour de ma naissance, mon père, au bord du désert, a planté un arbre. Un père sait toujours qu’il a été lui-même fils de l’arbre. Les arbres sentinelles, les arbres sémaphores, les arbres conteurs d’histoires parlent toujours la langue des pères. Il faut bien à l’enfant ces grands frères pour jalonner la route du temps, apprendre les couleurs de l’automne et l’ivresse des bourgeons pendant que neigent les amandiers sur les collines pierreuses. Il faut bien aux rires de l’enfance des cabanes dans les branches en guise de navires sans voiles.
Quand l’enfant grandit, une forêt l’abrite. Arbres nourriciers, arbres à jouets, arbres à secrets. Dans cette forêt, mon château était de feuilles vives et mes chemins couraient enchanteurs.
Plus tard, que n’ai-je appris qui ne vint de leurs confidences ? Il suffit de s’appuyer contre eux, de respirer avec eux, il suffit d’attendre…attendre pour que les arbres murmurent : arbres-ancêtres diseurs de mythes et légendes, arbres protecteurs soufflant paroles de sagesse, arbres de guérison et de paix des poètes.
Quand l’enfant vieillit, une vaste forêt habite au fond de sa mémoire. Dans cette forêt, mon château était de feuilles mortes et mes chemins sans loups.
Pourtant, un jour de solitude, un jour d’infini silence, un jour d’abandon, une voix a crié : «Pars! Cherche! Les arbres du Désir poussent dans ta forêt des murmures ! »
Fermer les yeux d’abord.… Attendre… Ecouter…
Je vois alors un arbre immense dressé au cœur du monde : ses racines baignées de passion insatiable, son tronc irrigué d’espérance, ses branches avides de plaisir. Je vois ses feuilles griffonnées de rêves fous et ses pages laissées blanches. Je vois la multitude de ses bourgeons en feu la nuit et ses fruits innombrables dont je ne connais pas la saveur.
Je vois cet arbre du Désir, l’arbre des fééries échappé à jamais du jardin d’Eden, soulevant nos pesanteurs, bousculant nos impuissances, offrant même le joyau de la mort. Il sème à chaque instant, il sème partout ses myriades de graines, c’est la poussière du vent et des étoiles qui les répand, personne qui n’en reçoive une part.
Mais je ne vois pas le chemin, il n’y a pas de chemin, il est lui-même le chemin, il est la Vie.
Je l’entends… Ecoute… En tout, aussi il murmure.
BIENTOT FRANCOISE EN LIVE EN OUVERTURE DE "SEULS LES ARBRES"....
A SUIVRE !
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