À l’ombre sereine d’un vieux caroubier,
Les misérables de Taza ; Les cordonniers
Ne détestent guère, leurs Thénardiers,
Et endurent la misère patients et quiets !
Camouflés entre deux vielles murailles,
Les cordonniers Tazis au lot dur,
Affrontent un sort terrible qui chamaille,
Avec la ville et la défigure !
Rides au front cachées sous une casquette,
Le dos courbé, les mains épouvantail,
Le plus riche d’entre-eux porte des lunettes
Qui zooment, achetées à la ferraille !
Ils sont vieux et pauvres d’accord,
Mais leur cœur généreux brille,
Comme les douros qui valent de l’or,
Gagnés pour le bonheur de leur famille !
Le long de la journée ils attendent,
L 'arrivée d’une vielle paire de souliers,
Ou d’une désuète paire de chaussures,
Pour toute l’ambiance de leur atelier !
C’est l’occasion comme veut la coutume,
De rejouer l’opérette des sons,
Orchestrés au-dessus de l’enclume,
Par le marteau, les ciseaux ou le pinçon !
Par terre l’embauchoir a l’air fier,
De porter les babouches neuves du Caïd,
Qui ont besoin d’être régulières,
À ses grands pieds à la veille de l’Aïd !
Si un jour Victor passait par là,
Et vu ces cordonniers pitoyables,
Il aurait sûrement fait de Taza,
Le second Paris de ses Misérables !
Fantine serait Aouïcha la chauvine,
Causette ; la Médina au sort préfixe,
Jean Valjean ; Toumzit la colline
Et Javert ; ce Caïd chaussant quarante-six !
Il y aurait rencontré aussi,
D’autres petites Causette à l’âge de fleur,
Figées de peur comme des momies,
Peinent jour et nuit derrière le leurre !
À Taza, cordonniers de main et cœur,
Malgré le manque et ses cicatrices,
Ne mangent à leur faim que de leur sueur,
Et refusent se plaindre ou ne gémissent.
Au visage un sourire de vrai bonheur !
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